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Par blondy le 20 Août 2013 à 16:16
- Je vais vous refaire votre perfusion Monsieur Bourgeois, annonça une jeune infirmière en s’approchant de son patient qui tentait de s’occuper l’esprit en feuilletant divers magasines. Frédéric détestait se sentir oppressé de la sorte dans cet hôpital. Il allait mieux et il savait qu’il pouvait en sortir aujourd’hui, sans même consulter les diverses aides pour lutter contre la dépendance de diverses drogues, ni même consulter un psychologue. Il riait jaune de cette situation. Il n’avait besoin d’aide de personne et personne n’arriverait à l’analyser. Personne. Puisque lui-même, grand psychologue à ces heures perdues, était incapable de se comprendre. Perdu en lui.
De plus, ces salles blanches et l’odeur de désinfectant y régnant l’horripilait. Il ne se sentait pas libre, et cet environnement lui rappelait un peu toutes ses années en prisons. Il tentait de garder son calme, mais le contact du coton passé par l’infirmière sur son bras droit lui rappela le contact récurrent de son épouse décédé dix ans plus tôt. Pulsionnel, il saisit violement le bras de la jeune femme avant d’envoyer cette dernière valsé à quelques mètres. Dans sa lancée il arracha d’un coup toutes les perfusions accroché à son bras. Il se mordit les lèvres de douleurs, regarda son bras qui commençait à s’ensanglanter. Il enleva aussi tout ce qui était relié à des machines. « Monsieur Bourgeois ? » tenta timidement l’infirmière sous le choque. Mais le patient ne l’écoutait pas, il sortit en trombe de la salle et bouscula dans sa course médecins, infirmières, blessés, divers chariots. « Le patient de la chambre 234 » « rattrapez le » « appelait la sécurité bon sang » « mais il perd la tête » « trouvait une camisole » « il faut l’enfermer » « mais il est fou » « qui est ce malade ? », lançait les personnes dans la cohue qu’avait créé cet homme perdu en lui.
- Fréd ? Osa une petite voix alors qu’il arrivait à l’accueil de l’hôpital. A l’entente de son prénom et dans sa course, l’homme en question glissa sur le sol durant plusieurs mètres avant de regarder la personne lui ayant adressé la parole. Cette personne n’était autre que Claire Leroy. Qu’est-ce… qu’est-ce que tu fais ? Continua-t-elle dans l’incompréhension de voir son ami vêtue d’une tenue d’hôpital et dans cette situation. Elle se noya d’avantage dans cette incompréhension dès lors qu’elle aperçut une armée de médecin ainsi que la sécurité surgir de plusieurs couloirs. L’équipe médicale attrapa l’homme puis lui enfila une camisole de force, avant de lui mettre un masque sur le visage ayant pour but de le calmer. Frédéric jeta un regard honteux réclamant de l’aide à son amie, avant de s’endormir.
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Par blondy le 2 Septembre 2013 à 16:15
- Je ne demande qu’à voir mon ami ! S’écria Claire Leroy dans ce service psychiatrique dans lequel Frédéric avait été transporté le matin même.
- Il est en chambre d’isolement Madame, nous sommes désolé, il n’a pas le droit aux visites pendant encore plusieurs heures, les règles sont les règles. Tenta de justifier une infirmière.
- Comment ça je ne peux pas !?
- La famille pourra surement lui rendre quelques visites dans quelques heures, il faut voir comment se passe sa rencontre avec le psychiatre. Vous êtes de la famille ? Je vous conseille de rentrer chez vous et d’appeler régulièrement.
- Non je ne suis pas de la famille, mais je suis la seule personne qu’il fréquente en ce moment.
- Les visites ne sont que pour la famille, je suis désolé. C’est la règle…
- Toujours les règles ! Mais vous n’êtes pas capables de réfléchir par vous-même et voir que je suis la seule personne qui peut l’aider !
- Je…
- Vous êtes infirmières en psychiatrie et vous ne comprenez pas qu’il n’y a pas réellement de règles dans le psyché et que tout est unique. Et puis d’ailleurs il ne vous dira rien, jamais rien. Le laisser seule dans une chambre d’isolement ou diverses choses dans ce sens ne fera qu’accentuer sa souffrance et l’enfoncera plus qu’autre chose et ce sera une fatalité pour lui !
- Ce n’est pas moi qui fait les choix madame j’en suis désolé. Il faut voir avec le psychiatre.
- Puis-je voir le psychiatre ?
- Le psychiatre qui se charge de Monsieur Bourgeois est bien trop occupé Madame. Je vous conseille de rentrer chez vous, et d’appeler dans la soirée ou demain pour en savoir plus.
- Hors de question, je reste ici, je vais m’asseoir sur la chaise qui se trouve juste ici, et j’aimerai être prévenue dès qu’il se passe quelque chose.
A quelques mètres de là, Frédéric ne tarda pas trop à se réveiller d’un sommeil réellement reposant. Les images du passé ne tardèrent pas à lui remonter à la tête, même lorsqu’il dormait tout restait présent. Il n’avait jamais de répits avec lui-même. Il tenta alors de refermer les yeux afin de tenter de rejoindre la sérénité qui l’avait touché quelques heures. Il céda au bout de quelques minutes quant il comprit que ça ne le mènerait a rien. Il ouvrit alors les yeux pour de bon, regarda autours de lui et se trouva encore une fois dans une salle au mur blanc. « Et ça recommence » songea-t-il lasse de l'enfermement constant auquel il était confronté. Il constata également rapidement qu’il ne s’agissait pas d’une chambre d’hôpital normale. En effet, il n’y avait sur les murs, ni tableau, ni aucune décoration, ni même de rideau à la fenêtre flouté. Les murs étaient blancs et seul un matelas sur lequel il était déposé trônait au centre de la pièce.
Frédéric comprit rapidement la situation pour faute d’avoir lui-même parfois envoyé des patients dans une salle comme celle dans laquelle il se trouvait. « Il me pense fou » lâcha-t-il a haute voix en se mettant soudain à rire. Il ne lui restait plus que ça : rire de lui-même.
Il resta tout de même un moment dans cette salle angoissante qui l’angoissait également. Il s’agrippait au matelas psychiatrique dans l’espoir d’y trouver du réconfort, une quelconque chaleur humaine. Il finit par se lever grelottant de son matelas, à tourner en rond dans cette salle qui lui paraissait glacée. Il tremblait de tout son corps et finit par s’allonger par terre la respiration haletante. Il resta de nouveau comme ça un moment, tremblant et pleurant le prénom de sa mère. Il se glissa jusqu’au matelas qu’il tenta de malaxer tel un nourrisson cherchant le sein de sa mère. Finalement il se rendormit quelques minutes avant de se relever furibond et se mettre à courir partout dans la salle, a rire aux éclats, jusqu’à ce que la porte s’ouvre. Frédéric se stoppa net et recula terrorisé par la personne qui venait le déranger. Il alla se blottir dans un des coins de la salle.
- Je suis Monsieur Fontaine, Docteur en psychiatrie, j’ai rapidement examiné votre dossier. Lança l’homme en refermant la porte derrière lui. Frédéric ne répondit pas, il regarda l’homme sans trop écouter ce qu’il tentait de lui dire, il se prenait lui-même dans ses bras tentant une fois de plus de chercher une quelconque chaleur humaine.
- Vous allez rester quelques temps dans cette chambre, on verra comment ça évolue. Commença le médecin, convaincu que son patient l’écoutait. Ensuite peut-être qu’on vous gardera, ou peut-être que vous serez relâché en ayant toujours un suivit intensif et réguliers. Vous n’avez pas l’air de vouloir parler, je pense qu’il faut mieux que je vous laisse encore un peu, je repasserai. Au revoir Monsieur Bourgeois.
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