• Musique

    Il devait être prêt de quatre heures du matin, Frédéric était assis sur le seul siège trônant la pièce, accompagné sa bouteille de Jack. Réveillé quelques minutes plus tôt, par un cauchemar ou plutôt des images, ces images qu’il connaissait par cœur, pour avoir fait de nombreux rêves lucides dessus.  Cette vision de sa femme morte sous ses propres coups. Ce souvenir ineffaçable recouvrait toutes autres pensées de l’homme déchu. Dépité, il était mort en lui, vide de tout sentiment. Cet état d’ataraxie complète le coupant du monde et de toute sensation, le tuait de jour en jour. Seules ses quelques clopes, son whisky ou sa musique Jazz, arrivaient à le stimuler. Les nuits comme celles-ci se faisait de plus en plus récurrente. Il était seul, et se mettait presque à envier la vie qu’il menait il y a quelques semaines lorsqu’il était encore en prison. Là-bas, au moins il ne se noyait pas dans cette solitude et il avait encore un but, une fine lueur d’espoir qui était de sortir de cet endroit dépouillé et sale.

    Mais la vision du corps de sa femme n’était pourtant pas son unique préoccupation, il se souvenait également du visage apeuré de sa fille, qu’il chérissait tant, en le regardant. Voilà maintenant dix ans qu’il n’avait pas eu un seul signe de vie de sa Candeur. Tout les signes de vie avaient étaient coupés entre les deux protagonistes. Pas une lettre, ni même une visite, pendant plus de dix ans. Elle devait aujourd’hui surement être âgée d’environs seize ans, ou peut-être dix-sept. Qu’était-elle devenue ? Avait-elle était adopté par une riche famille aimante, qui aurait pu les remplacer lui et sa femme ? Etait-elle aussi brillante qu’autrefois ? Que souhaitait-elle faire plus tard ? Portait-elle toujours ces aussi jolies robes  ? Avait-elle des amis ? Beaucoup d’amis ? Un petit-ami la chérissant comme elle devrait l’être ? Faisait-elle du sport ? Dansait-elle ? Faisait-elle de la musique ? Du piano ? Du violon ? Ou même du saxophone si elle le souhaitait. Mais surtout, avait-elle toujours ces images sales et dégoulinante qu’elle avait vue ce soir là ? Avait-elle beaucoup de rancœur envers lui ? Ou alors s’était-elle résilier et souhaitait-elle lui pardonner et le revoir ? Sa Lola… Tant de question lui bousculait la tête, chaque soir et ce depuis maintenant dix ans.

    Il aurait tant souhaité avoir passé la soirée avec elle ce soir, comme l’aurait fait de nombreux pères, en l’emmenant au restaurant, puis au cinéma et éventuellement manger une glace après le long des quais de la Seine. Idéaliste et rêveur, il se surprenait lui-même à serrer un corps frêle et invisible contre lui. Si ce soir là, il n’avait pas dérapé, ces scènes qu’il s’imaginait se serait surement produite.

    Il continua à boire plusieurs verres et termina la bouteille qui était déjà entamée. Son corps s’épuisa avant même que ses redoutables pensées s’épuisèrent. Il ferma les yeux, une heure plus tard, et s’assoupit sur la table en guise d’oreiller.

     

    Le lendemain, vers 10h, son téléphone portable se mit à vibrer, un mal de tête accrus le parcourait, Frédéric s’étira avant de jeter un coup d’œil sur son téléphone « Claire Leroy »  afficha le téléphone. Lasse il regarda le message envoyé par cette dernière « Coucou Frédéric, j’espère que ça va. Je passe à Montparnasse aujourd’hui, que penserais-tu que nous buvions un coup ensemble ? Bisous. Claire. » L’homme ayant la gueule de bois souffla et reposa machinalement le téléphone sur la table. Il ne souhaitait pas du tout sortir aujourd’hui, encore moins retrouvé cette Claire dont il jugeait le comportement de manière presque arrogante. Aujourd’hui il voulait être seul. Marginale, il se leva de la chaise où il avait passé une partie de sa nuit et alla se recoucher sur son lit cette fois. Il ne sortira pas aujourd’hui, encore moins pour retrouver cette Claire qui avait l’air si épanouit à côté de lui. Il ne voulait pas mentir une fois de plus sur sa vie aujourd’hui. A quoi bon l’entendre parler de sa vie qu’il jugeait de futile pendant de longues heures.

    Un peu plus tard, son téléphone vibra de nouveau, c’était Claire qui l’appelait. Il laissa le téléphone sonner sans répondre, une fois encore. Il l’a rejetait. Et pourtant il savait qu’il n’y avait actuellement qu’elle pouvant l’aider…


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  • Musique

    N’ayant plus une seule cigarette, ni une goutte de son Whisky fétiche, ni même quelques grains de cafés, Frédéric s’efforça à sortir afin d’acheter les seules choses qu’il prétendait encore réels dans son entourage.  Il décida également de trotter un peu dans les rues parisiennes. Il se laissait traîner dans les rues au détour du Jardin Du Luxembourg quant il aperçut une silhouette qu’il connaissait tant à ce jour. Il souffla en apercevant Claire à côté de sa fille Emily, mais se décida pourtant à se diriger vers elles, sûre de lui.  

    -Oh Frédéric quelle surprise ! Que fais-tu ? Commença-t-elle heureuse de retrouver ce mystérieux personnage qu’elle avait perdu de vue il y a quelques années.

    - Je me promène dans le coin répondit-il alors que la petite Emily lui souriait timidement tout en se cachant derrière les jambes de sa mère.

    - Tu veux monter un peu, on habite juste à côté d’ici nous pourrions éventuellement discuter devant un café, proposa Claire.

    En manque de sa nicotine, Frédéric refusa d’abord souhaitant par-dessus tout fumer ne serait-ce qu’une ou deux bouffés de son tabac industrielle, mais il finit par se laisser convaincre. Il savait qu’un doux café l’attendait à quelques pas d’ici, et il serait surement bien meilleur que celui qu’il buvait tout les jours dans sa malheureuse chambre d’hôtel.

    Ils montèrent donc les escaliers de ce riche quartier parisiens avant de rentrer dans un appartement également digne de la capitale. Il alla s’assoir sur un fauteuil du salon plutôt épuré et lumineux. Il fut quelques minutes plus tard rejoint par la propriétaire et deux délicieux cafés.

    Vide, triste, légèrement irrité, et n’arrivant pus à se concentrer sur ce que son amie disait à cause de son manque de nicotine, il lui demanda stressé une cigarette.

    -Je dois en avoir dans un tiroir dans ma chambre avoua-t-elle, mais il est hors de question de fumer alors qu’Emily est là, Frédéric. Tu fumes devant ta fille, toi ?

    -Je fume depuis longtemps, elle doit avoir l’habitude maintenant ma Lola de la cigarette, espérait-il.

    -Et tu n’as pas peur justement qu’à être habitué elle s’y mette ? Elle à l’âge pour s’y mettre en plus Frédéric.

    -Elle est responsable de sa propre vie, bien sûre que non je ne souhaite pas qu’elle se plonge dans toutes ces merdes. Et puis elle vit avec sa mère, pas avec moi, lança-t-il aigri.

    Intriguée voir touchée par la dernière phrase de son interlocuteur et ayant l’habitude de capter les mots douloureux dans les discussions pour cause d’être psychologue. Elle décida de poser des questions à son ami pour en savoir un peu plus sur ce personnage ne la laissant pas inerte par ces mystérieux comportements.

    -Tu souffres de l’absence quotidienne de Lola, Frédéric ?

    - Evidemment! Je l’ai vu grandir et puis l’on me sépare d’elle, sans que je ne puisse dire mon mot.

    - Et tu n’as pas pu avoir sa garde de temps en temps ?

    - Un week-end de temps en temps, lança-t-il un léger sourire en coin, idéalisant les instants qu’il vivrait avec elle. Puis éventuellement les cours instant où il croiserait sa femme qui serait vivante en allant chercher Lola. Encore une fois, il souriait à cette possibilité, l’utopie était sa seule essence et la seule chose qui pourrait le relever. Pour faute d’avoir eu autrefois des patients dans une situation analogue à la sienne, Frédéric savait déjà où tout cela l’amènerait. S’il mentait aux autres, il se mentirait à lui-même, pensant se consoler. Il allait en réalité s’enfoncer encore plus, assistant à sa propre déchéance. Il souhaitait ignorer toute vérité et tenter de contrôler ses émotions.

    - Nan, jeta Frédéric sèchement, ne souhaitant tout de même plus en parler, bien qu’il savait parfois que ça le soulageait.

    Il savait également que cette femme tentait de comprendre ses maux par ses mots et ça l’angoissait. Il comprenait à mesure que la discussion avançait qu’il devrait s’enfoncer de plus en plus en dans ces mensonges afin qu’elle ne sache jamais ses actes passés. Il allait devoir s’y consacrer à temps pleins, la vérité était trop dangereuse. Et il savait dans quels jeux ils allaient rentrer l’un envers l’autre.

    Il ne fallait pas qu’elle connaisse la vérité, elle était sa seule chance.


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